Published On: 24 février 2025

Alors qu’il s’apprêtait à partir pour Lierop où son fils Jarne a d’ailleurs remporté les deux manches 125cc de l’épreuve d’ouverture de la saison hollandaise de motocross, on a discuté avec Marnicq Bervoets de son rôle auprès de Jarne en tant que coach mais aussi bien sûr de père, de sa vision de l’évolution récente du sport,…

Marnicq, vous avez longtemps été un pilote de haut niveau en championnat du monde de motocross. Aujourd’hui, vous accompagnez votre fils qui participe au championnat d’Europe 125cc. Comment vivez-vous cette expérience en tant que père ?

Marnicq Bervoets : « C’est beaucoup plus stressant ! Je ne m’y attendais pas. Quand vous êtes pilote, vous êtes concentré sur votre propre performance, sur ce que vous devez faire. Mais lorsque c’est votre fils, votre propre sang qui roule, c’est une toute autre pression. Vous voyez à la fois les bonnes choses et les erreurs, et vous voulez l’aider à progresser. Parfois, il est difficile de corriger certaines erreurs car il est encore jeune et en apprentissage. Il y a aussi l’inquiétude des blessures, car le motocross est un sport où tout peut basculer en une fraction de seconde. Quand la course se termine sans encombre, c’est un grand soulagement. »

« Je ne pense pas que les motos soient plus rapides mais elles sont devenues plus faciles à piloter, ce qui fait que la vitesse moyenne a augmenté »

Vous avez mentionné cette crainte des blessures. Est-ce la principale source de stress pour vous en tant que père ?

Marnicq Bervoets : « Oui, c’est ce qui m’inquiète le plus. Depuis le bord de la piste, on voit tout, y compris les erreurs. En tant qu’ancien pilote, je repère immédiatement les fautes, et malheureusement, ce sont souvent elles que l’on retient le plus. On veut toujours que notre enfant s’améliore, mais l’essentiel reste qu’il termine la course sans blessure. »

Votre fils a déjà montré de belles choses lors des courses de pré-saison et l’année dernière en championnat d’Europe. Quels sont vos objectifs pour lui cette saison ?

Marnicq Bervoets : « C’est une question difficile. Nous venons de disputer le championnat italien et il y a toujours de nouveaux jeunes pilotes qui se révèlent. Par exemple, à Montevarchi, certains Italiens dont on n’avait jamais entendu parler roulaient très vite. Bien sûr, en Italie, les circuits sont très différents de ceux des Grands Prix. Sur le sable, ils auront plus de difficultés, mais la majorité des courses se dispute sur des circuits durs. Il doit encore apprendre à s’adapter à ces terrains. Cela viendra avec le temps, mais ce n’est pas évident. »

Jarne Bervoets

Laissez-vous votre fils suivre son propre chemin dans le motocross ou intervenez-vous souvent pour lui donner des conseils ?

Marnicq Bervoets : « Je le laisse de plus en plus faire ses propres choix. Lors des dernières courses, j’ai préféré qu’il tire lui-même les leçons de ses erreurs. Lui dire constamment comment aborder un virage ou une portion de circuit n’est pas toujours utile, car les conditions de piste évoluent sans cesse. Il doit apprendre à analyser et à adapter ses trajectoires en fonction de la course. C’est une compétence essentielle qu’il doit développer seul. »

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Le motocross a toujours été un sport à haut risque mais on constate ces dernières années une augmentation du nombre de blessures graves. Pensez-vous que les motos actuelles sont trop rapides ?

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Marnicq Bervoets : « Je ne pense pas que les motos soient plus rapides mais elles sont devenues plus faciles à piloter, ce qui fait que la vitesse moyenne a augmenté. Et quand un pilote chute aujourd’hui, c’est souvent à une vitesse plus élevée qu’auparavant. Une chute à 70 km/h au lieu de 50 km/h a des conséquences bien plus lourdes. »

« L’électrification des machines de motocross ? Je n’y crois pas trop, le marché n’est pas prêt. »

La Belgique compte de moins en moins de circuits de motocross. Comment cela impacte-t-il la formation des jeunes pilotes ?

Marnicq Bervoets : « Le manque de circuit est un gros problème. Lorsqu’on arrive sur un circuit comme Montevarchi, on voit à quel point les infrastructures sont différentes. On peut s’entraîner en France ou ailleurs mais cela n’est pas toujours simple. Au-delà de cela, il faut aussi dire que rien ne remplace la course. En compétition, les lignes changent constamment, la vitesse est aussi très différente et il faut s’adapter en permanence. Tout le monde s’accorde à dire que rien ne remplace l’expérience de la course. »

L’électrification des machines commence à toucher le motocross. Pensez-vous que ce soit l’avenir de notre sport ?

Marnicq Bervoets : « Honnêtement, je n’y crois pas trop. Le problème principal sera l’acceptation par le marché. Aux États-Unis, par exemple, ils ne sont pas du tout prêts à passer à l’électrique, et c’est pourtant le plus gros marché du motocross. Il y aura sans doute des avancées, mais je pense que d’autres alternatives, comme l’hydrogène, seront explorées. L’électrification totale pose également des problèmes d’approvisionnement en électricité. »

La réduction du bruit des motos est un sujet de débat depuis longtemps. Le récent abaissement du niveau sonore à 111 dB en MXGP est-il une bonne chose selon vous ?

Marnicq Bervoets : « Oui, je pense que c’est une évolution positive. Cela fait des années que nous demandons une réduction du bruit, notamment en Belgique. La fédération internationale était jusqu’ici réticente, car la Belgique est un petit pays, mais aujourd’hui même d’autres nations commencent à faire face à ce problème. Cependant, cela pose aussi la question de l’adaptation des motos de série. Les machines officielles sont adaptées aux nouvelles normes, c’est très bien, mais les modèles disponibles dans le commerce doivent aussi suivre cette évolution, ce qui engendrera sans doute des coûts additionnels pour les amateurs. »

Interview : Danny Hermans