Published On: 14 décembre 2014

Florent Lambillon n’a pas encore 14 ans mais il a déjà un beau palmarès derrière lui. Le Namurois a en effet remporté cette année son second titre AMPL en dominant la saison dans la catégorie 85cc. Un titre plus que mérité pour Florent qui, plutôt que d’effectuer une dernière saison en écolages, a préféré jouer dès 2015 dans la cour des grands. Il a en effer déjà abandonné le guidon de sa KTM 85cc pour celui d’une Suzuki RM-Z 250 avec laquelle il disputera la saison prochaine à l’AMPL. Retour sur une année 2014 exceptionnelle pour un pilote issu d’une famille où l’on partage de génération en génération une véritable passion pour le motocross…

Florent, ce titre AMPL 85cc était-il l’objectif de ta saison 2014 ou est-il arrivé un peu par hasard ?

Florent Lambillon: « Durant l’hiver, je m’étais fixé comme objectif de rouler pour le titre. J’y croyais très fort en arrivant sur le premier motocross à Daverdisse. Cependant, la première manche ne s’est pas déroulée comme je l’aurais voulu car je n’ai pas pu prendre le rythme de Thibaut Dupont. Cela m’a surpris et j’avoue que je me suis posé beaucoup de questions entre les 2 manches. Heureusement, je suis parvenu à réagir dès la seconde manche. Je suis parti en tête et Thibaut était nerveux et est tombé rapidement lorsqu’il était dans ma roue. Je me suis alors rassuré en me disant qu’il avait ainsi montré où se situait son point faible. Je savais que je pourrais sans doute le battre de la même manière sur les autres épreuves. »

Le championnat de Printemps a d’ailleurs été très disputé entre vous deux…

Florent Lambillon: « Oui ! Nous nous sommes partagé les victoires et les deuxièmes places sur les 5 épreuves du championnat et je suis arrivé avec un petit point d’avance à la finale de Winville. Malheureusement, des ennuis mécaniques m’ont empêché de concrétiser et d’enlever le titre de Printemps. J’étais en tête de la première manche lorsque ma moto a commencé à avoir des ratées, ce qui m’a contraint à me contenter de la 2ème place. Au moment de prendre le départ de la toute dernière manche du championnat, je n’avais donc que 2 points de retard et je pouvais donc encore penser au titre. J’étais d’ailleurs à nouveau en tête de la manche lorsque ma moto à de nouveau connu de sérieux problèmes, qui m’ont cette fois contraint à abandonner. Le titre de Printemps m’a donc vraiment échappé à cause de ces ennuis mécaniques… »

Florent Lambillon entouré de son père Laurent, de son grand-père Alfred et de son oncle Pascal: 3 générations de crossmen qui ont marqué l'AMPL de leur empreinte.

Florent Lambillon entouré de son père Laurent, de son grand-père Alfred et de son oncle Pascal: 3 générations de crossmen qui ont marqué l’AMPL de leur empreinte.

Tu as heureusement pu prendre une belle revanche dans le second championnat !

Florent Lambillon: « Oui, le second championnat a été beaucoup plus facile. Je devais prendre ma revanche après être passé si près du titre dans le premier championnat. J’ai remporté les 4 premières courses, ce qui m’a non seulement permis de creuser d’emblée un petit écart au classement provisoire mais qui m’a aussi mis en confiance pour le reste de la saison. Au final, j’ai remporté 16 manches et terminé à 8 autres reprises sur le podium. J’étais finalement assez surpris de dominer la catégorie de cette manière. Cette fois, le titre ne m’a pas échappé et je termine la saison avec 63 points d’avance sur Thibaut Dupont et 149 sur Gauthier Billiard. »

Que retiens-tu de cette saison 2014 ?

Florent Lambillon: « J’en garde bien sûr beaucoup de bons souvenirs. Cela peut paraître étonnant mais la manche dont je garde le meilleur souvenir est une manche que j’ai terminée seulement à la 3ème place. C’était à Bercheux, en septembre. Au terme d’une belle bagarre avec Aubry Lillo et Lucas Adam, nous terminons tous les 3 dans un mouchoir, Aubry dépassant Lucas dans l’avant-dernier virage pour s’imposer. C’est le genre de course que j’aime bien ! »

Tu as eu la chance de partir l’hiver dernier aux USA pour y assister à plusieurs épreuves du championnat de Supercross. Une expérience inoubliable ?

Florent Lambillon: « Oui, c’était un rêve pour moi de pouvoir assister à un Supercross US ! L’ambiance est incroyable et j’ai vraiment été impressionné par la détermination des pilotes. Même dans les manches qualificatives, ils se battent comme des fous et n’hésitent pas à prendre de gros risques. Ils roulent sans cesse à la limite et ça donne de belles courses. »

Chez vous, le motocross se pratique en famille. A ton niveau, cela doit être un avantage important, non ?

Florent Lambillon: « Oui, c’est certain. C’est un avantage d’avoir une famille où tout le monde connaît bien le motocross. Mon père n’a pas souvent le temps de m’emmener à l’entrainement, je peux donc y aller avec mon grand-père. Très jeune, j’ai voulu avoir ma première moto. Comme on m’avait dit que je devrais attendre de savoir rouler à vélo avant d’avoir une moto, je me suis entraîné beaucoup et je n’avais pas encore 3 ans lorsque j’ai su rouler à vélo, ce qui m’a donc offert ma première moto ! »

Ensuite, les choses se sont enchaînées rapidement…

Florent Lambillon: « J’ai roulé jusqu’à avoir l’âge nécessaire pour participer à un motocross AMPL. C’était à Moircy, en 2006. Moircy étant la finale du championnat, ce n’est donc qu’en 2007 que j’ai réellement commencé à rouler en écolages à l’AMPL. J’ai terminé un championnat sur le podium en 50cc avant de monter en 65cc et de me blesser alors que j’étais 4ème au classement provisoire. J’ai ensuite pu enlever un titre en 65cc avant de passer en 85cc et de finalement devenir champion là aussi cette année pour ma seconde saison dans la catégorie. »

En juin 2011, sur un podium 65cc avec Tom Trembloy (au centre) et Gauthier Billiard (à droite).

Tu rouleras la saison prochaine en Juniors à l’AMPL. Pourquoi ne pas avoir préféré rouler en Espoirs ?

Florent Lambillon: « Parce que je roulerai avec une Suzuki 250 4-temps. La catégorie Espoirs à l’AMPL n’est accessible qu’aux 125cc. Or, après avoir essayé la Suzuki RM-Z, je voulais absolument rouler sur cette cylindrée. J’avoue que je n’ai même pas essayé la 125cc. Nous avons donc pensé que la catégorie des Juniors serait idéale pour ma première saison sur la cylindrée. Si je n’avais pas été à l’aise avec la 250, nous avions prévu que j’aurais pu refaire une dernière saison en 85cc, en roulant alors également sur les épreuves FMB. »

Tu as aussi un habitué du MX Master Kids. Vu ton niveau en 85cc cette année, je suppose que tu y visais là aussi la victoire ?

Florent Lambillon: « Pas nécessairement la victoire mais il est vrai que, vu la crevaison du favori de la catégorie dans la finale, j’aurais sans doute pu m’y imposer. Mais j’ai bloqué par un pilote qui a chuté juste devant moi dans le 2ème virage et je suis parti bon dernier. Dans ces conditions, je n’ai pas pu prétendre à mieux qu’une 6ème place. Mais c’est clair que j’aurais pu faire mieux. Ceci dit, je ne vais pas nécessairement au MX Master Kids pour le résultat, j’y vais avant tout parce que j’aime ce format de course sur 3 jours et que j’apprécie aussi l’ambiance très particulière de l’événement. »

Tu as aussi terminé 3ème de la Mini-Chinelle avec Aubry Lillo…

Florent Lambillon: « Là aussi, on aurait dû faire mieux. Nous terminons sur le podium en chutant 3 fois chacun ! Nous avons fait trop d’erreurs. De plus, en fin de course, Aubry a eu un problème de bougie sur sa moto qui l’a obligé de repartir avec la mienne dont le guidon était complètement plié suite à ma dernière chute… Bref, une course compliquée mais on est parvenu à sauver in extremis une 3ème place quand même ! »

Qu’est-ce qui t’a, selon toi, permis de faire la différence cette saison par rapport à tes adversaires ?

Florent Lambillon: « Je crois que mon point fort, c’est indéniablement la régularité. Sur tous les circuits, quelles que soient les conditions, j’ai pu rouler devant et c’est clair que cela fait la différence sur un championnat. Par contre, je dois encore progresser sur les départs car partir devant me rendrait souvent la vie encore plus facile. C’est un point que je travaillerai pour la saison prochaine. »

L’AMPL réorganise régulièrement ses catégories pour donner un maximum de chances aux pilotes d’accéder à la catégorie Inters. On remarque cependant que rares sont les pilotes Nationaux ou Seniors à parvenir à se faire une place dans la catégorie reine de la fédération. C’est quelque chose qui te préoccupe déjà à ton niveau ?

Florent Lambillon: « Je ne suis pas encore certain de pouvoir un jour rouler en Inters mais il est évident que c’est un objectif qu’il faut se fixer. Alors oui, j’observe ce qu’il se passe et je remarque que la différence de niveau entre les Nationaux et les Inters reste importante. Un pilote comme Frédéric Weigert tire le niveau vers le haut et cela crée un réel trou entre les meilleurs Nationaux et le peloton des Inters. Quand on arrive en Inters, je crois qu’il est important de prendre le temps de prendre la vitesse de la catégorie sans se blesser. Je remarque en effet que les pilote qui se blessent à ce moment-là perdent confiance en eux et ne récupèrent jamais leur niveau. Ce qui fait que beaucoup finissent par abandonner le motocross. »

Florent Lambillon a remporté oas moins  de 23 manches en 85cc cette saison à l'AMPL !

Florent Lambillon a remporté oas moins de 23 manches en 85cc cette saison à l’AMPL !

Avec quelles ambitions rouleras-tu la saison prochaine en Juniors ?

Florent Lambillon: « Au vu de la vitesse que j’ai aujourd’hui avec la 250, j’aimerais bien viser un top-5 en Juniors en 2015. Bien sûr, je sais que ce ne sera pas nécessairement facile mais je vais pas mal travailler cet hiver pour essayer de progresser un maximum d’ici le début du championnat. Je pars notamment rouler à Marseille entre Noël et Nouvel An, comme chaque année. »

Tu travailles aussi beaucoup physiquement ? Il y a notamment le basket qui doit t’aider à garder la forme, non ?

Florent Lambillon: « En fait, je ne fais rien de très spécial au niveau physique. Je me contente de jouer au basket ! »

Justement, quand on pratique 2 sports, comme toi le basket et le motocross, est-il toujours facile de sacrifier l’un au profit de l’autre ?

Florent Lambillon: « J’ai un bon niveau en basket (que Florent pratique avec l’équipe de Beez, près de Namur, ndlr) mais je suis quand même meilleur en motocross. De plus, en motocross je suis seul alors que, pour le basket, l’équipe peut se débrouiller sans moi. Alors, le choix est vite fait: je donne systématiquement la priorité au motocross. De plus, par chance, les championnats ne se chevauchent pas vraiment. Je ne dois manquer que quelques matches à cause du motocross. »

Aujourd’hui, est-ce que les Grands-Prix font encore rêver un pilote de ton âge ?

Florent Lambillon: « Je dois dire que je ne suis pas vraiment ce qui se passe en GP. Je suis plutôt ce qui se passe aux USA. Les circuits de GP me paraissent tous les mêmes, alors qu’aux USA, ils ont des circuits qui semblent gigantesques !  »

Si tu es fan du motocross US, tu suivras donc quand même avec attention la prochaine saison de GP que disputera Ryan Villopoto ?

Florent Lambillon: « Oui, je suivrai ses résultats. Je pense qu’on va beaucoup en parler partout. Ce que j’aime surtout dans le fait qui Villopoto vienne rouler en Europe, c’est que cela va enfin donner une réponse claire à toutes les questions que l’on s’est toujours posées quant à la comparaison du niveau des tops pilotes US avec celui des tops européens. »

Texte: Olivier Evrard | Photos: OE, Kick Lahaut et Yannick Bernard