Essai KTM Freeride e

Silence, on roule !

Silence, on roule !
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KTM est passé du rêve à la réalité. Du premier prototype aperçu en octobre 2008 en passant par la première version officiellement dévoilée par le constructeur autrichien en mars 2010 jusqu’à arriver à la version aujourd’hui sur le point d’être commercialisée de la Freeride e, le chemin parcouru par les ingénieurs de Mattighofen impressionne. Très exactement six ans après s’être lancé le pari un peu fou de développer une véritable machine tout-terrain propulsée par un moteur électrique, KTM s’apprête à commercialiser une machine hyper aboutie au capital séduction étonnant. Oubliez les préjugés: une machine tout-terrain peut désormais aussi être électrique. La Freeride e est là pour nous en convaincre.

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L’été est définitivement derrière nous mais le soleil est encore généreux en ce début octobre dans les alpes bavaroises. Nous sommes en Autriche, à quelques encablures de Mattighofen, là où s’écrit chaque jour l’histoire de KTM. Les chemins qui défilent sous nos roues sont superbes, le décor est splendide, l’environnement on ne peut plus paisible. Paisible ? Oui, malgré le passage de notre petit groupe d’une dizaine d’enduristes. C’est que nous sommes aujourd’hui au guidon d’une machine qui révolutionne le monde de la moto tout-terrain: la KTM Freeride e.

J’étais comme bon nombre d’entre vous, sans doute. « Une machine électrique ne sera jamais une vraie machine de cross ou d’enduro. Le bruit, les vibrations, la fumée,… tout cela est indissociable du sport motocycliste. » Et bien, après une journée passée au guidon de la KTM Freeride e, je dois vous avouer que j’ai sérieusement dû revoir ma copie. Certes différente, la KTM a tout d’une véritable machine d’enduro et l’on se surprend rapidement à apprécier le silence d’utilisation, la disponibilité immédiate de la puissance et l’impression de légèreté dégagée par la machine. D’autant plus que la Freeride e a l’immense mérite de vous ouvrir l’accès à des chemins en d’autres temps interdits. Loin des habituels regards courroucés des piétons, cyclistes ou autres cavaliers, la Freeride e suscite étonnement et curiosité de la part des différents groupes que nous croisons au fil de notre périple alpin. De quoi définitivement nous faire adopter l’électrique !

Entre moto et vélo

Et le pilotage proprement dit ? Disons qu’il convient de mettre de côté bon nombre des réflexes acquis au guidon d’une machine à moteur thermique si l’on veut s’approprier rapidement le pilotage de la Freeride e. L’absence de sélecteur de vitesse et de pédale de frein arrière (en l’absence d’embrayage, celui-ci s’actionne, comme sur un vélo, au guidon) est particulièrement déroutante dans les premiers kilomètres d’utilisation. On a beau savoir pertinemment que la Freeride e n’en possède pas, le pied droit cherche désespérément la pédale de frein à l’approche de chaque virage. C’est déstabilisant au début mais on finit par prendre les bons réflexes.

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Autre élément à prendre en compte lorsque l’on pilote la Freeride e: le dosage de la puissance. Rouler avec la Freeride e, c’est avoir en permanence sous la poignée le couple d’une bonne 250 4-temps d’enduro, sauf qu’ici le couple maximum est disponible pratiquement sans délai, quelle que soit la situation dans laquelle vous essorez la poignée. Mieux vaut garder cela à l’esprit, surtout lorsque les conditions d’adhérence sont délicates car vous ne seriez pas le premier à vous laisser surprendre par la vivacité du bloc électrique autrichien. La puissance maximale annoncée est de 22 chevaux à 4 500 trs/minute mais c’est surtout le couple de 42Nm disponible dès zéro tr/min qui donne à la Freeride e son caractère hyper ludique. Tant qu’on en est à parler d’aspects techniques, sachez que la transmission est confiée à une boîte automatique à 3 rapports, le tout baignant dans 150cc d’huile à remplacer toutes les 50 heures et que le bloc est équipé d’un refroidissement liquide qui lui évite de surchauffer.

Autonomie ?

Aspect crucial sur une machine électrique: l’autonomie. En lieu et place du réservoir d’essence, les poutres du cadre périmétrique en acier encerclent une volumineuse batterie lithium-ion (sans effet de mémoire) qui affiche pas moins de 27kg sur la balance. Cette batterie se recharge en 80 minutes mais peut également retrouver 80% de sa capacité en 50 minutes à peine grâce à un chargeur rapide. Quant à l’autonomie que vous offre la batterie, il s’agit d’une donnée très variable. Non seulement parce qu’elle sera directement liée à votre niveau et à votre style de pilotage mais aussi parce qu’il existe sur la Freeride e 3 modes de fonctionnement, conférant à la Freeride e un comportement plus ou moins agressif (et donc plus ou moins énergivore…) sélectionnables grâce au petit boîtier qui se trouve sur la colonne de direction. Ce même boîtier vous indique également en permanence la charge disponible. Vous êtes « à sec » ? Pas de panique, KTM a prévu une réserve qui vous permettra de rallier votre point d’arrivée à vitesse réduite. En ce qui nous concerne, notre périple était composé de boucles d’environ 1 heure chacune (arrêts inévitables compris) que les motos ont effectuées sans aucun problème. Si vous avez la chance de posséder une seconde batterie, celle-ci se change en une poignée de secondes. Quatre boulons à dévisser et c’est fait !

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Une fois que les choses sérieuses commencent, comprenez que l’on se retrouve lancé dans de vrais dénivelés, à gravir ou à descendre, tels que l’on peut les rencontrer dans les montagnes autrichiennes, c’est à ce moment précis que l’on est heureux de pouvoir compter sur les qualités de la Freeride e. Fine, extrêmement maniable, sa partie-cycle est, comme sur toute la gamme Freeride par ailleurs, un subtil compromis entre enduro et trial. Il faut s’y faire mais cela finit par devenir très plaisant, surtout dans les petits sentiers très techniques dans lesquels notre guide nous emmènent. Le freinage à l’aide des 2 leviers au guidon s’assimile quant à lui relativement rapidement. Il est d’autant plus important de l’avoir assimilé avant de se lancer à l’assaut de descentes vertigineuses que l’usage des freins est ici bien plus intensif que sur une machine traditionnelle. Vous aurez en effet à compenser l’absence totale de frein moteur avec votre levier de frein arrière, heureusement assez facile à doser. Une habitude à prendre… que prendront évidemment très vite les adeptes du VTT, cible avouée de KTM avec sa Freeride e.

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Maîtriser la puissance

Dans les difficultés qui demandent de faire appel à la puissance du moteur, les choses ne sont pas simples au début. D’une part, la disponibilité du couple maxi dès zéro tour/minute déstabilise plus souvent qu’à son tour et demande beaucoup de maîtrise du poignet droit pour ne pas faire perdre à la moindre occasion toute forme d’adhérence à la roue arrière, d’autre part, il existe entre le moment où vous tournez la poignée et la réaction du bloc électrique un temps de réaction de quelques dizièmes de seconde qui peuvent vous mettre à mal sur certaines difficultés. Bref, il faut savoir anticiper, mais pas trop… tout en restant mesuré sur la poignée « de gaz ». Entraînement nécessaire. Le plaisir du pilotage électrique, cela se mérite !

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La KTM Freeride e se décline dans 3 versions: une version enduro, qui devrait arriver chez nous à la fin du mois de janvier 2015, une version cross déjà disponible et enfin une version Supermoto qui devrait arriver au printemps 2015. Si vous souhaitez vous essayer au pilotage d’une KTM électrique, sachez que nous avons la chance d’avoir en Belgique un parc dédié à la pratique des sports moteurs en mode « électrique ». Il s’agit du NGM e-park, à Tournai, où vous pourrez tester la version cross de la KTM électrique sur une piste couverte. D’autres parcs du même genre existent ailleurs en Europe et KTM projette d’en ouvrir davantage à moyen terme.

Tiens, on n’a pas encore parlé du prix de tout ce beau matériel… Sachez que rouler en KTM électrique (et même si l’on peut imaginer que l’entretien sera moins coûteux qu’une machine traditionnelle), ce n’est pas donné à tout le monde. Avec une batterie et le chargeur, la version enduro de la Freeride e vous sera en effet facturée 11 510 €, pour 11 210 € pour la version cross. Le prix à payer pour être définitivement en avance sur son temps.

Tarifs 2015

  • Freeride E-SX : 7 130 €
  • Freeride E-XC : 7 430 €
  • Freeride E-SX + batterie + chargeur : 11 210 €
  • Freeride E-XC+ batterie + chargeur : 11 510 €
  • Batterie : 3 280 €
  • Chargeur : 800 €

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