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Enduro et contrôle technique : comment se porte le marché ?

Enduro et contrôle technique : comment se porte le marché ?
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Nous avons profité de notre passage chez l’importateur Sherco pour le BeNeLux Vukcevic Racing, et chez le concessionnaire KTM Hotmotorbike, pour demander à Michaël Vukcevic (Sherco), et Clément Hotte (KTM), ce qu’ils pensent du contrôle technique et comment se porte le marché des motos neuves d’enduro au sein de leur région.

Michaël Vukcevic (Sherco) : « Les années 2021 et 2022 ont été très bonnes, j’ai chaque fois doublé mes ventes, mais cette année j’ai pu observer un changement dans le comportement des clients. Pour les modèles 2023, les ventes se sont stabilisées, on n’a plus augmenté, mais nous n’avons pas non plus diminué notre volume. C’est une année stable tout en observant un changement des habitudes du client.  Notre atelier tourne à plein régime, les rendez-vous s’enchainent, nous avons beaucoup plus de rendez-vous qu’avant. On fait maintenant de gros entretiens, de grosses révisions sur les moteurs, surtout sur les 4-tps, choses qu’on faisait très rarement, ils revendaient leurs motos avant ces gros frais.  On observe que les clients refont leurs motos pour repartir pour une nouvelle saison, ils gardent leurs motos pour le moment, alors est-ce que c’est dû à la crise ou au CT ? Je n’ai pas de boule de cristal mais je pense que c’est plus lié à la crise qu’au contrôle technique.  La vie est devenue chère pour tout le monde. Tout a augmenté et augmente encore, et bien entendu le prix des motos aussi. Ca en fait réfléchir plus d’une fois quand vient le choix de faire une seconde saison avec la moto ou acheter un nouveau modèle, d’autant plus que le coût pour préparer la moto et la passer au contrôle technique n’est pas négligeable. »

Clément Hotte (KTM) : « On sent qu’il y a un frein sur le marché de la moto d’enduro, mais je ne pense pas que ce soit lié au CT, en tout cas de notre côté je ne vois pas que ça freine la clientèle à revendre leur moto pour en acheter une nouvelle.  Certes, c’est une contrainte supplémentaire, mais on a de la chance que KTM a tout prévu sans devoir trop perdre de temps lorsqu’il faut remonter le kit d’homologation. »

« Quand c’est le cas, notre clientèle est plus demandeuse de reprise comme ça il ne doit pas la passer au CT, et de notre côté, comme nous ne faisons pas d’occasion, on passe par un marchand. On ne va donc que très rarement au CT avec une moto d’enduro.  Bien entendu, quand on doit la remettre en conformité, cela a un impact sur le prix de reprise, ce prix sera toujours moindre qu’une vente entre particuliers, une enduro décote bien plus qu’une routière, et il y a des entretiens très réguliers à faire que tout le monde ne fait pas toujours. »

Pensez-vous que le contrôle technique est nécessaire sur une moto d’enduro ?

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Michaël Vukcevic (Sherco) : « Non ! Comme tous les motards le disent, qu’ils commencent par entretenir nos routes, c’est la première chose à faire avant de parler de sécurité et de contrôle technique !  Et pour répondre plus précisément à la question pour les motos tout terrain, c’est juste aberrant, il faudrait une dérogation, même une moto de trial doit passer le contrôle technique !  Qui va aller en ville, ou sur la route avec une moto qui n’a pas de selle, et qui plafonne à 60 kmh ?  C’est n’importe quoi. »

« Pour remettre une moto en conformité et la passer au CT (contrôle technique), cela nous prend une journée complète.  Il faut compter le travail sur la moto mais aussi le temps pour aller passer la moto à l’inspection.  On doit démonter le circuit factory pour remonter le circuit homologué, il faut tout recâbler, remettre la longue bavette avec les clignotants, l’éclairage de plaque, la clé de contact, le retour de béquille automatique, les rétroviseurs, les catadioptres … bref c’est un fameux boulot.  A la station, ils sont surtout regardant sur les normes antipollution, principalement sur les 4-tps, j’ai moins de souci avec les 2-tps.  Il faut aussi reconnaître que ça dépend aussi de la station et sur qui tu tombes.  Dans une station, j’ai déjà été refusé 3x, depuis j’ai changé, je vais ailleurs, où ils sont plus conciliants. »

Clément Hotte (KTM) : « Chez KTM c’est très bien pensé, je ne sais pas comment ça se passe chez les autres constructeurs mais sur les autrichiennes, les broches sont prévues, on peut remonter le kit sur celui d’origine.  Pour les 4-tps, on doit remettre une cartographie spécifique, pas sur les 2-tps.  Concernant les 2-tps, ils se sont rendus compte qu’aucune moto ne passait, ils sont plus conciliants du coup pour le contrôle sur la norme anti-pollution.  Malgré tout, ça nous prend quand même une matinée.  Jusqu’à présent tout s’est bien passé, on n’a jamais eu de refus. Ils vérifient l’identification, le bon fonctionnement de tous les éléments, feux, klaxon, clignos, freins, jeux dans les roulements, en général ça se passe bien. Quand un client nous confie son enduro pour le CT, il sait qu’il la confie à un professionnel, c’est notre métier, on pense à tout, par exemple à bien vérifier la plaquette d’identification, avec le temps et le frottement des câbles elle peut s’user, les numéros peuvent ne plus être totalement visibles, et c’est un motif de refus. »

« Pour revenir à la question, la réponse à cette question n’est pas si évidente que ça, le sujet est complexe.  Aux yeux de la loi, la moto d’enduro est une moto homologuée pour circuler sur la voie publique, donc une moto de route quelque part, et donc tout véhicule qui circule sur la voie publique doit être conforme au certificat d’homologation qui lui a été octroyé, avoir des clignotants, un feu stop, un klaxon etc … Bien évidemment, personne ne roule avec tous ces équipements en enduro, mais on peut aussi voir la question autrement et se dire que pendant des années on a toléré que nos motos d’enduro traversés des villages, des routes sans clignotants, sans rétroviseurs, sans klaxon … et est-ce qu’aujourd’hui il n’est pas juste temps de se remettre en règle ? »

« Sur le fond, ça n’est pas nécessairement une mauvaise chose si effectivement ce CT était là pour améliorer la sécurité, mais la manière dont il a été pensé et la façon de l’appliquer ne correspondent pas au but recherché.  Refuser par exemple une moto d’enduro parce qu’une plaque d’identification n’est plus lisible correctement n’apporte rien à la sécurité du pilote, finalement la moto d’enduro qui passe par la case CT ne ressortira pas de là en offrant plus de sécurité au pilote… Donc, si je dois répondre par oui ou par non, je dirais que non, pour les motos d’enduro, je n’en vois pas l’utilité ou, du moins, il est trop strict. »

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Par Frédéric David

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